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Être une femme blanche au Togo - témoignages

Cet article ne vise en aucun cas à dévaloriser ou à critiquer un peuple ou une culture mais simplement à recueillir des émotions, des impressions lorsque l’on est immergé dans une culture qui n’est pas la nôtre. Apprendre et essayer de comprendre l’autre, c’est ce qui nous enrichi !


 

« …En somme la beauté est partout. Ce n’est pas elle qui manque à nos yeux, ce sont nos yeux qui manquent à l’apercevoir… »

Boris Vian


 


« Être une femme blanche présente 2 aspects qui s'opposent ! On se sent constamment regardé de toute part car on est différente, on a l'impression d'être une star pour les enfants qui sont ravis de nous saluer à notre passage et en même temps, pour certains, il y a un dollar écrit sur nos fronts ou bien un visa pour l'Europe . J'ai des amies à moi qui ont reçu des demandes de mariage chaque jour par exemple ! Mais en règle générale, les togolais sont gentils. Quoi qu'il en soit, on sera toujours observé, à nous de faire en sorte d'atténuer cette différence en étant le plus humble possible et en les rendant fier d'être ce qu'ils sont, des êtres humains dignes d'être valorisés. Nous venons tous de la même famille et nous avons tous le même créateur. »

V, togolaise de cœur depuis 10 ans



« Je trouve qu'il y avait des différences de comportements entre les enfants, les jeunes adultes de mon âges et les adultes. Les enfants chantaient leur petit chanson (Yovo Yovo Bonsoir -> Le blanc, Le blanc bonsoir) et c'était sur le ton de la rigolade même si au bout d'un moment ça devient fatiguant quand c'est la centième fois qu'on nous chante cette chanson dans la journée. Je trouve que c'était mignon, surtout que ça venait des enfants donc c'est des paroles qu'ils répètent sans connotation négative. Concernant les gens de mon âge, je me souviens d'une anecdote: lorsque j'étais dans les WC d'un bar, une jeune togolaise est venue vers moi me toucher les cheveux, la peau, sans me demander, comme si j'étais une extraterrestre. Je m'étais énervée en leur disant "est-ce que moi je me permets de te toucher les cheveux sans te demander?". J'étais vraiment surprise de ce geste plutôt intrusif. Sinon les jeunes que j'ai rencontré étaient ouverts d'esprit et très sympa. Peut être le fait qu'ils soient encore en étude peut être. Je peux aussi parler des arnaques en lien avec le fait d'être blanche comme les arnaques de prix. Lorsqu'on arrive dans le pays et qu'on ne connaît pas les prix réels, on se fait facilement avoir. Il y a aussi certains hommes qui draguent facilement parce que tu es blanche et qu'ils te voient comme un porte-monnaie et qu'ils draguent juste pour avoir les papiers. J’ai eu l'expérience avec R qui voulait juste se marier pour les papiers. Pour finir concernant les adultes, ils ont surement plus l'habitude de voir des personnes blanches donc leur comportement n’est pas farfelu. En tous cas, il suffit de tomber sur des bonnes personnes qui feront des prix corrects et qui échangerons comme si on était locaux.»

L, togolaise pendant 6 mois (mission humanitaire avec les enfants)



« La première chose que je dirais est que, on ne passe pas inaperçu mais en tous cas ce n'est pas des regards malveillants. Les gens étaient plutôt contents de nous voir. Je me souviens à l'hôpital (stage d'immersion) qu'ils étaient contents que l'on abandonne notre confort européen et qu'on vive à la manière togolaise. Par contre, ça pouvait être gênant quand certains nous mettent sur un pied d'estale juste parce qu'on est blanc. Je me souviens aussi lorsqu´on avait pris un taxi et qu'une dame togolaise avait du descendre juste pour nous laisser monter nous, c’était gênant... Mais autrement, que des bonnes expériences. Ce qui était aussi rigolo c'était les enfants qui n'avaient jamais vu de personnes blanches.»


M, togolaise durant 6 semaines (stage en soins infirmiers)



« En arrivant au Togo je fais, pour une fois, partie de la minorité visible et je prend conscience de certains comportements qu'on peut avoir en Europe avec des personnes racisées, sans être raciste, mais des comportements qui peuvent être agaçants à la longue. On prend conscience de ces comportements car on les vit sois-même. Par exemple le "YOVO YOVO (le blanc, le blanc)" que les enfants te hurlent dans la rue... Les premiers jours c'est mignon, le 5ème jour c'est pesant et au bout de 6 semaines c'est énervant... Après, je me suis toujours sentie bien, en sécurité (sauf quand j'ai voulu traverser la route la nuit... mais ce n’était pas une question d'origine...). Il faut dire aussi parfois, en temps que femme, on peut être sujette à certains comportements de drague mais ça, se n'est pas une question de localisation, c'est un peu partout dans le monde.»


M, togolaise durant 6 semaines (stages en soins infirmiers)



« Un moment extrêmement marquant a été lorsque je me suis rendue dans le logement d’un enfant. En effet, en traversant la longue et étroite cours, je passais devant différentes familles, entrain de faire ou le linge ou la cuisine, en les saluant poliment. A ce moment-là, un enfant âgé de deux ans environ, a fait un bond d’un mètre en arrière, ses yeux sont sortis des orbites et sa voix a retenti dans l’ensemble du quartier. Il s’est mis à hurler en me voyant et est allé se cacher dans les bras de sa maman. J’étais choquée, c’était la première fois depuis mon séjour que je faisais autant d’impression à quelqu’un. Sa maman a tenté une approche plus douce mais on n’y est pas parvenue !

Une autre expérience, au-delà des regards que l’on attire, des gens qui nous accostent pour nous demander un numéro de téléphone ou simplement savoir pourquoi nous sommes ici. Il y a aussi la traversée du marché local. En effet, cette émulation de motos, de bruits, de vendeuses, de piétons nous embraque dans un monde oppressant, lorsqu’il nous est étranger et que l’on s’y retrouve seule. Les couleurs des stands, les odeurs des produits, les montagnes d’objets et d’ustensiles à vendre rendent ce lieu magique lorsque que l’on est accompagné par un local. J’ai aimé flâner dans ce lieu et y découvrir la poudre de baobab, les fleurs de bissap, les énormes quantités de haricots blancs, de farine de maÏs….Cependant, j’étais sans cesse happée à gauche ou à droite pour venir voir ce que chacun avait à me vendre, j’étais sans cesse appelé « YOVO »… soit simplement pour me saluer soit pour me montrer et me faire goûter leurs nourritures « fait maison ». Le mot YOVO résonnait sur tout le long de mon parcours dans le marché…. Cela devenait comme une petite musique qui m’a suivi pendant tout mon séjour.

A l’école, les enfants avaient besoin de toucher ma peau, de se comparer, de toucher mes cheveux, mes poils sur les bras…. Je semblais différente à leurs yeux. J’étais une humaine, sensée être comme eux et pourtant mon physique comportait des différences. Ils venaient d’apprendre que nous sommes des humains avec des similitudes et d’infimes différences physiques aussi. Ils en rigolaient, j’étais un petit extraterrestre venue d’une autre planète….heureusement je parlais français comme eux….et ils avaient envie d’en savoir plus, de comprendre. Nos dialogues, nos discussions ont permis de répondre à leurs nombreuses interrogations. Ils étaient toujours prêts à écouter, à poser des questions. »


K, en mission éducation avec les enfants pendant 2 mois

 

"La vie devient impossible quand on efface par la force

les différences et les particularités."

VASSILI GROSSMAN


 








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